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Crowdsourcing : le graphisme peut-il se faire uberiser ?

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Tel est le titre du mémoire très complet de Damien Henry, écrit à 34 ans, concluant un deuxième cycle d’études après avoir exercé 10 ans le métier de designer graphique en agence.

Dans son introduction La genèse du mémoire, Henry Damien écrit :

« Professionnel de la création depuis 10 ans, je constate au quotidien qu’il faut souvent expliquer son travail et même défendre un savoir-faire face à certains clients, pour qui nous sommes de simples techniciens maîtrisant les outils de création : des infographistes. Partant de cette constatation, j’ai découvert récemment des plates-formes sur le web (Creads notamment) permettant aussi bien aux amateurs qu’aux professionnels de répondre à des briefs par l’intermédiaire d’un concours. Comme en agence, l’internaute répond à une commande de logo ou d’affiche destinés à la communication d’une marque ou d’une entreprise. Cette nouvelle pratique appelée crowdsourcing (CS) a d’abord éveillé ma curiosité. Je me suis ensuite demandé en quoi cela pouvait changer d’une véritable commande et si les professionnels devaient y voir une nouvelle forme de concurrence. Le sujet de mémoire est devenu évident.  

Je souhaite trouver des pistes qui permettraient de voir comment le CS peut s'intégrer à l'économie du design, sa place au niveau de la qualité et son positionnement vis à vis des professionnels. Je vais essayer de rester dans une démarche de recherche en me détachant de mon statut de graphiste, ce qui ne va pas être facile. Le principe est de faire un constat pour dire aux graphistes : « regarder où vous mettez les pieds » et aux marques « voilà ce que vous pouvez espérer de cette pratique ». À première vue, le CS présente de nombreux avantages pour tout le monde. Pourtant, les graphistes étant majoritairement contre cette nouvelle pratique il est indispensable de comprendre ce qui peut faire débat sans tomber dans une opposition catégorique afin de définir où se situent les « zones grises ». L’objectif est de dégager des pistes pour les professionnels du design permettant de trouver un terrain d’entente et des ouvertures sur ce que peut devenir la commande (graphique en particulier) dans un contexte où l’uberisation au coeur des débats est susceptible aussi toucher les designers graphiques. Afin de comprendre comment le CS vient s’inscrire comme acteur de la création de design, je suis convaincu qu’il est indispensable d’avoir une vue d’ensemble du phénomène. Quitte à parfois m’égarer un peu…

Le point de vue des marques et des plates-formes, celui des participants et des professionnels du design mais aussi de la législation : à partir de ces observations très larges, il est possible de cerner à la fois les grandes tendances du CS créatif ainsi que les principaux points de tensions qui viennent alimenter les débats souvent passionnés et difficiles à nuancer. Dans cette introduction, nous allons présenter tout d’abord le métier de designer qui sera évoqué tout au long de ce mémoire. Puis nous donnerons une rapide définition de l’amateur en design afin de comprendre comment ces deux mondes cohabitent sur ces plates-formes. Nous définirons enfin les grandes formes de CS afin de cadrer notre étude et de définir une problématique. »

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