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Le « prix d’éviction »

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Un constat :
— « Une agence de communication qui emploie plus de 300 salariés, avec un chiffre d'affaire supérieur à 100 millions d'euros se permet de répondre à un appel d’offres non rémunéré qui a mis en effroi la profession au prétexte je cite : « En général, nous n’allons pas sur ces compétitions car c’est la négation du métier. C’est contraire à la façon dont nous concevons le design. Mais là, nous y sommes allés car nous avions très envie. C’était un sujet passionnant. Donc, nous avons fait beaucoup de créa. » (Source : DesignFax N° 598)
Certains designers indépendants hantent les forums en proposant des créations de logo pour 90 euros, ou des études de design à 1 000 euros tout compris, pour un tarif journalier inférieur à 300 euros.

De ces deux faits, lequel d'après vous est le plus néfaste à nos professions ?

1. L'agence qui se cache derrière un code déontologique qu'elle fait éclater à la première promesse de « Bling-Bling » venue, qui aurait en plus le pouvoir, et nous rajouterions le devoir, de dire « non aux compétitions non rémunérées » mais qui préfère faire travailler ses bataillons de salariés, voire de stagiaires non payés, parce que dit-elle hypocritement « nous en avions très envie » !

2. Le designers qui, par manque d'éducation, fait rimer « acquisition de nouveaux clients » avec « à tout prix », s'inscrit sur les sites Internet qui proposent des centaines de créations standardisées, accepte de travailler à des conditions comparables à celles de l'esclavage.

Nous répondrons que les deux procèdent à ce que l'on appelle en droit à pratiquer des « prix d'éviction », c’est-à-dire le fait pour une entreprise à mettre en place une stratégie délibérée qui consiste à évincer les concurrents du marché en fixant des prix inférieurs aux coûts de production. Lire à ce sujet sur le site de la Commission européenne Concurrence: améliorer le fonctionnement des marchés, et sur le site de l'Institut de droit de la concurrence Abus de positition dominante.

Il est aisé pour l'agence de communication, en position dominante en termes de moyens humains et financiers, de répondre à un appel d’offres non rémunéré. Une agence de graphisme de moindre taille (3 à 5 salariés), elle, ne le pourra pas, car elle risquerait un échec en consacrant gratuitement le temps nécessaire pour répondre de façon professionnelle à l'appel d’offres.

Dans le cas du designer « au rabais », il doit comprendre que s'il pratique des tarifs en deçà desquels une activité économique n'est en réalité pas viable, il entraîne la désorganisation de sa profession, il ne sait pas ou il oublie qu'un jour il aura à en payer le prix fort : tout simplement sa disparition du marché du design ! Les clients sont floués puisque dans 80 % des cas les délais ne sont pas respectés, les compétences annoncées ne sont pas au rendez-vous… Au final qui y perd ? Toute la profession du design, qui se voit encore qualifiée d'économiquement incompétente et de partenaire peu fiable…

Où trouver l'information sur les bonnes pratiques pour exercer un métier ? Qui défend une profession ? Une seule réponse : les organismes professionnels. Il est des pays, comme le Canada, où l'on ne peut pas s'intituler « designer » que si on respecte un minimum de déontologie. En France, rien n'oblige un designer à devenir membre d'un organisme professionnel pour exercer, contrairement aux architectes, qui eux, ont un ordre. N'est-il pas urgent que les designers eux-mêmes, se montrent plus ambitieux quant à leur avenir ?

L'Alliance française des designers n'est financée que par les cotisations de ses membres, soit actuellement moins de 1 % des professionnels… Alors, quand adhérez-vous ?