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Au XIXe siècle, des modalités de concours exemplaires

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Dans le numéro 31 de la revue Arts Nouveaux, édité par l’Association des Amis du musée de l’École de Nancy, l’article de Blandine Otter intitulé Le triomphe de l’Hôtel de Ville de Paris, les échecs de Victor Prouvé a attiré notre attention. Il relate les expériences plus ou moins fructueuses de l’artiste nancéien avec les concours pour la ville de Paris. Mis en regard des marchés publics actuels, force est de constater une nette dégradation de la considération des créateurs en cent vingt-cinq ans.


L’auteure nous apprend notamment que les consultations étaient organisées en deux tours et que certains membres du jury étaient eux-mêmes artistes.
 

(…) Le jury, chargé de désigner les artistes pouvant prendre part au second degré du concours, se réunit le 04 janvier 1892, sous la présidence d’Eugène Poubelle (1831-1907), préfet de la Seine. Parmi les membres du jury, nous pouvons citer Besnard, Bonnat, Bracquemond, Dalou, Deperthes, Fantin-Latour, Puvis de Chavannes, Rodin. Au jugement du premier degré, cinq candidats sont retenus  : Courselles-Dumont, Delance, Jules Ferry, Prouvé et Simas.


On découvre aussi que les délais accordés aux artistes pour fournir leurs esquisses étaient relativement confortables.
 

(…) Un délai de trois mois leur est donné pour la « production d’un fragment grandeur d’exécution d’une des parties caractéristiques de leur esquisse  ».


L’article rapporte également que l’indemnisation des artistes non-retenus était de mise et, plus loin, même en cas de consultation infructueuse.
 

(…) Le jury se réunit le 26 avril 1892 pour rendre son jugement au second degré. Et comme nous l’apprend le Bulletin Municipal Officiel de la Ville de Paris du 27 avril 1892, « le jury a décidé qu’il n’y avait pas lieu de décerner le prix d’exécution  ». Chaque concurrent reçoit à titre d’indemnité une prime de 2 500 francs.
(…) Les esquisses « devront être déposées à l’Hôtel de Ville […] le 15 juin 1897  ». D’une part, le lauréat du concours sera chargé d’exécuter la décoration moyennant le prix de 12 000 francs et les trois autres artistes recevront une prime de 500 francs chacun à titre d’indemnité pour le travail fourni. D’autre part, « si aucun des envois n’est jugé digne d’être adopté, les concurrents recevront néanmoins une prime fixe de 500 francs  ».


Mettre en parallèle deux époques séparées de plus d’un siècle pourrait paraître périlleux, tant les contextes sociaux et politiques étaient différents. Cependant, il n’est question ici que de mettre en exergue l’inexplicable détérioration du respect du créateur et de l’acte de création au fil du temps.

Nous pouvons aujourd’hui nous réjouir de la toute nouvelle Circulaire ministérielle relative aux règles et bonnes pratiques en matière de marchés publics de design, pierre supplémentaire à l’édifice de la défense des droits des designers avec la Charte AFD des marchés publics de design et le guide La commande de design graphique du CNAP. Ces documents constituent un espoir pour les designers mais ils doivent encore faire leur chemin dans les mentalités des commanditaires. À chacun d’entre nous alors d’assurer leur longévité en continuant d’exiger sans relâche, et en toute légitimité, leur application complète.



Source : Le triomphe de l’Hôtel de Ville de Paris, les échecs de Victor Prouvé,
Blandine Otter, assistante de conservation principal au musée de l’École de Nancy,
In Arts Nouveaux n° 31, p. 18-27, AAMEN, septembre 2015.
www.amis-ecoledenancy.fr / www.ecole-de-nancy.com